Le samedi 18 septembre, se déroulait à Saint Ange et Torcay, une cérémonie toute particulière.
Bernard, membre de notre Club, a œuvré avec son conseil municipal et Edith Marseille pendant de longs mois pour arriver à célébrer l'Humanisme durant une guerre... Vous découvrirez cette histoire incroyable dans son discours, retranscrit ci-dessous.
A la suite d'un violent combat durant la guerre de 1870, de nombreux morts furent laissés sur le champs de bataille, en raison d'un épais brouillard. Le lendemain, le curé du village et ses habitants sont allés sauver ceux qui pouvaient l'être et ont enterré ensemble les combattants des deux parties...
Des années plus tard, des descendants de ces soldats allemands (prussiens...) étaient présents pour remercier ce qui avait été fait dans cette commune. Il y avait également de nombreux Généraux et une belle brochette d'officiels...
Arrivée (d'une partie) des officiels français
Cérémonie de remise des gerbes, par les enfants de la commune
Voici le discours de Bernard :
Discours de Bernard CRABÉ
"Nous nous trouvons rassemblés ici sur le lieu même où, il y a 140 ans, eut lieu ce que l’on a appelé le combat de Torçay.
Nous sommes en 1870 et Bismarck, Grand Chancelier de Prusse, envahit l’Autriche puis la France. Dans sa progression vers l’ouest dix mille de ses hommes campent à 4 kilomètres d’ici derrière le bois. Très bien préparées (la Prusse possède à l’époque l’une des meilleures armées d’Europe), ses troupes sont également bien équipées puisqu’elles sont dotées notamment de canons Krupp ayant une portée supérieure à 3 kilomètres. Toutefois, dans le combat qui va les opposer aux troupes françaises en ces lieux, les pièces d’artillerie lourde contraignent l’armée prussienne à emprunter le pont situé au bout de cette route afin de pouvoir enjamber un profond fossé.
Les troupes françaises désorganisées tentent de se regrouper à Saint Maixme Hauterive plus à l’ouest. Le commandant Malard à la tête d’un millier d’hommes se dirige vers Torçay. Il est guidé jusqu’ici par Messieurs Appel et Fillon, habitants du village.
Ce 18 novembre les troupes prussiennes passent à l’offensive mais ne peuvent utiliser leurs canons car un brouillard à couper au couteau s’est levé. Le combat dure plus de cinq heures. Une partie des blessés et des morts passent la nuit sur le champ de bataille.
Au petit matin l’Abbé Aubouin, curé de la paroisse, rassemble les habitants du village. Ils transportent dans les maisons de Saint Ange et Torçay tous les blessés sans distinction d’appartenance et les soignent avec un profond dévouement. L’histoire nous raconte que c’est avec un grand respect que les habitants de Torçay accomplirent ces actes de générosité.
Dans cet élan, ils relèvent les morts et aux côtés des 36 Français originaires de la région de St Brieuc, ils enterrent 9 soldats prussiens. Ce geste ô combien symbolique amène le Grand Duc de Saxe, Charles Alexandre à écrire quelques temps plus tard au curé de la paroisse ces quelques phrases :
« Qu’il est doux de vous adresser toute ma reconnaissance… pour l’œuvre de généreuse humanité que vous avez accomplie envers mes soldats reposant en terre étrangère mais hospitalière. C’est devant l’accomplissement consciencieux des devoirs sacrés du Christianisme que nous nous sentons frères et que tous les drapeaux quels qu’ils soient s’abaissent».
Sensibilisés par ces actes de fraternité, 6 communes voulurent apporter leur contribution à l’édification du monument devant lequel nous nous trouvons. Saint Maixme Hauterive, Saint Jean de Rebervilliers, Fontaine-les-Ribouts, Maillebois, Saint Sauveur-Marville et Châteauneuf réunirent, avec Saint-Ange et Torçay, les fonds nécessaires à la construction de ces deux enclos et de ces deux pierres. Ainsi donc reposent sous la même terre quarante-cinq soldats des deux camps. L’obélisque blanc, symbole de paix signe leur dernière demeure. La croix qui surmonte la sépulture en fait un monument funéraire chrétien.
A ces enfants morts pour leur patrie, nous devons un devoir de mémoire. Prussiens et Français côte à côte ne sont-ils pas précurseurs de l’Europe avant sa création ? L’association des six communes n’évoque-t-elle pas les prémices de ce que nous nommons aujourd’hui Communauté des Communes? Ce Monument a vu le jour grâce à la générosité dont ont fait preuve les habitants en s’occupant des morts et des blessés après la bataille et celle dont ont fait preuve également les communes environnantes pour la construction de cet obélisque ; aujourd’hui, nous devons encore une fois sa réhabilitation à la générosité d’une ancienne habitante de notre village, Madame Anne-Marie Martin, et à celle des Anciens Combattants.
Par sa géographie et son histoire, Saint Ange et Torçay, véritable carrefour des quatre régions que sont la Beauce, le Perche, la Normandie et l’Ile de France est à l’origine du Thymerais.
Aujourd’hui c’est un tout petit village niché entre bois et vallée qui est le rendez-vous de tous ceux qui, de tous horizons, ont vu en ces signes historiques des messages de paix et de fraternité. Elus, militaires, religieux et civils, anciens combattants et enfants, tous sont rassemblés dans la même union.
Comme vous l’aurez pressenti, nous accordons, en ce jour, une part importante à l’implication des enfants dans cette cérémonie. Les dépôts de gerbe, les drapeaux européens, leur place à côté des Anciens Combattants sont pour nous autant de moyens de leur transmettre nos valeurs.
A ces enfants qui brandissent le drapeau européen, nous devons transmettre les leçons tirées du passé. Demain, ce sont eux qui seront les décideurs et qui devront faire les choix.
L’Eldorado n’existe pas mais :
Si vous, Anciens Combattants, vous continuez à leur délivrer votre devoir de mémoire, relayé par nous tous ;
Si vous, militaires, n’avez de cesse de mobiliser toujours votre savoir-faire pour conserver la paix ;
Si nous élus, mettons toute notre énergie en œuvre pour faire les bons choix dans les relations municipales, régionales, nationales et internationales ;
Si, nous parents et religieux persistons à enseigner à nos enfants le sens du devoir et de la fraternité,
Alors sans doute sera-t-il fait un grand pas vers la Paix.
Aujourd’hui beaucoup d’entre nous sont venus de très loin pour marquer de leur présence cette manifestation qui se veut porteuse d’un message d’espoir.
Nous sommes particulièrement heureux de saluer la présence de Mademoiselle X, de Monsieur Beyer, descendants du soldat allemand, Tragott Nebeling et du docteur Andréas Räuber, représentant la commune de Bad Frankenhausen d’où était originaire le soldat August Martini.
Tous trois sont venus de leur Thuringe lointaine pour s’incliner devant les deux sépultures et nous témoigner de leur solidarité dans notre entreprise à transmettre nos valeurs aux générations futures.
M. Gilbert Robert, représentant M. Joncour, maire de Saint-Brieuc, a aussi fait le voyage pour être avec nous aujourd’hui.
Je vous le disais tout à l’heure, Saint Ange et Torçay n’est qu’un tout petit village. Mais si nous sommes parvenus à mobiliser tant d’énergies en cette occasion, c’est que les valeurs que nous avons voulu prôner représentent aux yeux de chacun de vous une pierre essentielle à l’édification de l’entente entre les peuples.
Avant de céder la place à Monsieur le Préfet, permettez-moi tout d’abord de remercier ma collègue Edith Marseille pour la qualité de son travail dans les difficiles recherches qu’elle a entreprises avec l’aide du Centre culturel français en Thuringe pour retrouver les descendants des soldats allemands tombés ici-même au champ d’honneur. Mais aussi tous les membres du Conseil Municipal qui ont soutenu notre projet. Aujourd’hui encore ils sont là, eux aussi solidaires de cette action, partenaires indispensables à toute démarche communautaire.
Je terminerai, en vous remerciant tous, représentants de l’Etat, élus, militaires, anciens combattants, religieux, civils, connus ou anonymes sans oublier les enfants, pour la marque de solidarité que vous avez bien voulu nous témoigner par votre présence aujourd’hui .
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Cette cérémonie touche à sa fin. Je vous demanderai de ne pas quitter votre place pour laisser passer le cortège qui s’ouvrira par l’harmonie municipale et la chorale Neuf de Cœur de Châteauneuf en Thymerais. Elle sera suivie par les Anciens Combattants, les enfants puis les officiels (représentants de l’Etat ?)
Je vous propose de nous retrouver sous la tente située juste derrière pour partager le verre de l’amitié.
Je vous précise aussi que vous pourrez vous y procurer l’ouvrage que nous avons édité il y a deux ans. Outre les détails sur la bataille de Torçay, vous y découvrirez les charmes de notre petit village que vous aurez à cœur de visiter.
Merci à tous de votre venue."
Nous sommes en 1870 et Bismarck, Grand Chancelier de Prusse, envahit l’Autriche puis la France. Dans sa progression vers l’ouest dix mille de ses hommes campent à 4 kilomètres d’ici derrière le bois. Très bien préparées (la Prusse possède à l’époque l’une des meilleures armées d’Europe), ses troupes sont également bien équipées puisqu’elles sont dotées notamment de canons Krupp ayant une portée supérieure à 3 kilomètres. Toutefois, dans le combat qui va les opposer aux troupes françaises en ces lieux, les pièces d’artillerie lourde contraignent l’armée prussienne à emprunter le pont situé au bout de cette route afin de pouvoir enjamber un profond fossé.
Les troupes françaises désorganisées tentent de se regrouper à Saint Maixme Hauterive plus à l’ouest. Le commandant Malard à la tête d’un millier d’hommes se dirige vers Torçay. Il est guidé jusqu’ici par Messieurs Appel et Fillon, habitants du village.
Ce 18 novembre les troupes prussiennes passent à l’offensive mais ne peuvent utiliser leurs canons car un brouillard à couper au couteau s’est levé. Le combat dure plus de cinq heures. Une partie des blessés et des morts passent la nuit sur le champ de bataille.
Au petit matin l’Abbé Aubouin, curé de la paroisse, rassemble les habitants du village. Ils transportent dans les maisons de Saint Ange et Torçay tous les blessés sans distinction d’appartenance et les soignent avec un profond dévouement. L’histoire nous raconte que c’est avec un grand respect que les habitants de Torçay accomplirent ces actes de générosité.
Dans cet élan, ils relèvent les morts et aux côtés des 36 Français originaires de la région de St Brieuc, ils enterrent 9 soldats prussiens. Ce geste ô combien symbolique amène le Grand Duc de Saxe, Charles Alexandre à écrire quelques temps plus tard au curé de la paroisse ces quelques phrases :
« Qu’il est doux de vous adresser toute ma reconnaissance… pour l’œuvre de généreuse humanité que vous avez accomplie envers mes soldats reposant en terre étrangère mais hospitalière. C’est devant l’accomplissement consciencieux des devoirs sacrés du Christianisme que nous nous sentons frères et que tous les drapeaux quels qu’ils soient s’abaissent».
Sensibilisés par ces actes de fraternité, 6 communes voulurent apporter leur contribution à l’édification du monument devant lequel nous nous trouvons. Saint Maixme Hauterive, Saint Jean de Rebervilliers, Fontaine-les-Ribouts, Maillebois, Saint Sauveur-Marville et Châteauneuf réunirent, avec Saint-Ange et Torçay, les fonds nécessaires à la construction de ces deux enclos et de ces deux pierres. Ainsi donc reposent sous la même terre quarante-cinq soldats des deux camps. L’obélisque blanc, symbole de paix signe leur dernière demeure. La croix qui surmonte la sépulture en fait un monument funéraire chrétien.
A ces enfants morts pour leur patrie, nous devons un devoir de mémoire. Prussiens et Français côte à côte ne sont-ils pas précurseurs de l’Europe avant sa création ? L’association des six communes n’évoque-t-elle pas les prémices de ce que nous nommons aujourd’hui Communauté des Communes? Ce Monument a vu le jour grâce à la générosité dont ont fait preuve les habitants en s’occupant des morts et des blessés après la bataille et celle dont ont fait preuve également les communes environnantes pour la construction de cet obélisque ; aujourd’hui, nous devons encore une fois sa réhabilitation à la générosité d’une ancienne habitante de notre village, Madame Anne-Marie Martin, et à celle des Anciens Combattants.
Par sa géographie et son histoire, Saint Ange et Torçay, véritable carrefour des quatre régions que sont la Beauce, le Perche, la Normandie et l’Ile de France est à l’origine du Thymerais.
Aujourd’hui c’est un tout petit village niché entre bois et vallée qui est le rendez-vous de tous ceux qui, de tous horizons, ont vu en ces signes historiques des messages de paix et de fraternité. Elus, militaires, religieux et civils, anciens combattants et enfants, tous sont rassemblés dans la même union.
Comme vous l’aurez pressenti, nous accordons, en ce jour, une part importante à l’implication des enfants dans cette cérémonie. Les dépôts de gerbe, les drapeaux européens, leur place à côté des Anciens Combattants sont pour nous autant de moyens de leur transmettre nos valeurs.
A ces enfants qui brandissent le drapeau européen, nous devons transmettre les leçons tirées du passé. Demain, ce sont eux qui seront les décideurs et qui devront faire les choix.
L’Eldorado n’existe pas mais :
Si vous, Anciens Combattants, vous continuez à leur délivrer votre devoir de mémoire, relayé par nous tous ;
Si vous, militaires, n’avez de cesse de mobiliser toujours votre savoir-faire pour conserver la paix ;
Si nous élus, mettons toute notre énergie en œuvre pour faire les bons choix dans les relations municipales, régionales, nationales et internationales ;
Si, nous parents et religieux persistons à enseigner à nos enfants le sens du devoir et de la fraternité,
Alors sans doute sera-t-il fait un grand pas vers la Paix.
Aujourd’hui beaucoup d’entre nous sont venus de très loin pour marquer de leur présence cette manifestation qui se veut porteuse d’un message d’espoir.
Nous sommes particulièrement heureux de saluer la présence de Mademoiselle X, de Monsieur Beyer, descendants du soldat allemand, Tragott Nebeling et du docteur Andréas Räuber, représentant la commune de Bad Frankenhausen d’où était originaire le soldat August Martini.
Tous trois sont venus de leur Thuringe lointaine pour s’incliner devant les deux sépultures et nous témoigner de leur solidarité dans notre entreprise à transmettre nos valeurs aux générations futures.
M. Gilbert Robert, représentant M. Joncour, maire de Saint-Brieuc, a aussi fait le voyage pour être avec nous aujourd’hui.
Je vous le disais tout à l’heure, Saint Ange et Torçay n’est qu’un tout petit village. Mais si nous sommes parvenus à mobiliser tant d’énergies en cette occasion, c’est que les valeurs que nous avons voulu prôner représentent aux yeux de chacun de vous une pierre essentielle à l’édification de l’entente entre les peuples.
Avant de céder la place à Monsieur le Préfet, permettez-moi tout d’abord de remercier ma collègue Edith Marseille pour la qualité de son travail dans les difficiles recherches qu’elle a entreprises avec l’aide du Centre culturel français en Thuringe pour retrouver les descendants des soldats allemands tombés ici-même au champ d’honneur. Mais aussi tous les membres du Conseil Municipal qui ont soutenu notre projet. Aujourd’hui encore ils sont là, eux aussi solidaires de cette action, partenaires indispensables à toute démarche communautaire.
Je terminerai, en vous remerciant tous, représentants de l’Etat, élus, militaires, anciens combattants, religieux, civils, connus ou anonymes sans oublier les enfants, pour la marque de solidarité que vous avez bien voulu nous témoigner par votre présence aujourd’hui .
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Cette cérémonie touche à sa fin. Je vous demanderai de ne pas quitter votre place pour laisser passer le cortège qui s’ouvrira par l’harmonie municipale et la chorale Neuf de Cœur de Châteauneuf en Thymerais. Elle sera suivie par les Anciens Combattants, les enfants puis les officiels (représentants de l’Etat ?)
Je vous propose de nous retrouver sous la tente située juste derrière pour partager le verre de l’amitié.
Je vous précise aussi que vous pourrez vous y procurer l’ouvrage que nous avons édité il y a deux ans. Outre les détails sur la bataille de Torçay, vous y découvrirez les charmes de notre petit village que vous aurez à cœur de visiter.
Merci à tous de votre venue."
Une petite musaraigne (à gauche) se demandait ce que venaient faire tous ces gens un dimanche matin... en plein champ !!!
Pendant ce temps-là, derrière nous...
Direction > La buvette !
Il y avait des enfants, car Bernard voulait faire un travail de mémoire, certes, mais surtout montrer aux enfants que le présent n'est que le résultat de ce que nous avons fait dans le passé... Ils sont notre futur, et la terre sera ce qu'ils en feront, ce que nous en ferons.
Roger, Dominique, Colette, Guy et Éric
Notre Député-Maire, de dos.
Y'avait quand même des mecs avec la classe, non ? :)
Moment de détente, après la tension de la cérémonie
Bernard et ses Bernadettes !
Merci à Bernard pour son accueil chaleureux, dans les valeurs du Club 41, avec un buffet (ultra) copieux !
Je n'aurais jamais pensé qu'un jour, nous célèbrerions un moment de joie, à côté d'un monument aux morts. Je pense aussi que les hommes qui se sont battus ici, ont été heureux des pensées qui leurs ont été adressées durant cette cérémonie qui, je dois l'avouer, fut touchante.